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Micro-forêt, c'est parti !

Photo du rédacteur: Christophe GIRONISChristophe GIRONIS

Dernière mise à jour : 5 janv.

Bravo à Laetitia qui a su porter ce projet devant une délégation de l'Université Savoie MontBlanc, Université dans laquelle elle achève son Master de géographie !

En effet, au début du printemps, Laetitia a concouru à un appel à projets autour de la transition énergétique et/ou de la protection de la biodiversité. Le résultat du concours hisse à la première place le projet de réalisation sur le campus d'une micro-forêt fruitière à vocation pédagogique ! C'est un réel succès pour Laetitia et l'Association.



Mi-juin 2021, nous sommes allés sur place pour commencer à parler de l'implantation du projet et des détails de la réalisation.


Nous attendons les financements pour démarrer la première étape d'enrichissement du sol ainsi que les premiers ateliers de suivi de la biodiversité.


Le concept a été initié dans les années 1970 par le botaniste Japonais Miyawaki. Mais il aurait été déjà étudié dans la première moitié du 20ème siècle par des chercheurs allemands.

L'idée est de planter de manière très dense (entre 3 et 5 arbres au m2) et de façon aléatoire des jeunes plants autochtones sur une parcelle dont le sol a été au préalable enrichi pour le rendre vivant. Cette technique permet de créer des connexions entre les espèces grâce au champignons et à la proximité racinaire. Cela a l'avantage d'augmenter la croissance des arbres et de les renforcer naturellement. Au niveau aérien, cet espace arboré dense offre de nombreux refuges pour la biodiversité et permet un retour plus intense et plus diversifié des espèces vivantes (insectes, oiseaux, petits rongeurs, reptiles, batraciens...).


Vue satellite (été 2020) du site au milieu du campus universitaire du Bourget-du-Lac


Une fois implantée, cette zone arborée est suivie durant les trois premières années (des études y seront menées avant et pendant le projet) puis elle devient auto-gérée les années qui suivent... encore un avantage à planter une micro-forêt !

Enfin, c'est un merveilleux régulateur atmosphérique à son échelle bien entendu, mais implanter une micro-forêt dans un quartier d'immeubles ou dans une cours d'école, c'est créer un ilot de fraîcheur, c'est aussi un filtre à particules atmosphériques, un piège à CO2, un tampon d'eau en sous-sol... puis y planter un pourtour avec des essences fruitières, c'est donner un intérêt supplémentaire à un tel projet !


Le mardi 3 août 2021, nous avons réalisé notre première journée de recensement de la biodiversité autour et sur la future parcelle implantée sur le campus universitaire du Bourget-du-Lac.

Avec Koïchi comme entomologue et Romane comme herpétologue sur le terrain, ainsi que Nathan passionné d'ornithologie, j'arpente les quelques zones enherbées encore non tondues mais il nous est difficile de trouver des zones intéressantes à étudier. C'est l'intérêt aussi, malgré le fait que nous soyons en zone sub-urbaine, proche d'espaces boisés et de cours d'eau, la biodiversité reste peu diversifiée. A nous donc dans quelques temps de mettre au grand jour l'efficacité d'un tel projet en tant que "hot spot" de biodiversité !



Les 1er et 2 septembre, nous étions sur place pour préparer le terrain avant les plantations de fin novembre. 2 camions de terre végétale et une benne de plaquettes de bois (il nous était impossible de nous procurer 7 tonnes de BRF !).

Cette parcelle a une surface approximative de 200 mètres carrés et accueillera 600 arbres dont environ 150 arbres fruitiers sur le pourtour.


Ca y est, c'est fait ! Le 11 décembre 2021, entre deux épisodes neigeux, nous avons achevé la plantation des arbres de la micro-forêt fruitière. La première phase de ce beau projet est finie. Nous repasserons en janvier placer des barrières de délimitation, faire de l'étiquetage et procéder à la première taille de certains arbres fruitiers (ceux que nous allons conduire "en gobelet").




Les arbres fruitiers sont des mono-scions de un an (greffés sur porte-greffe fin d'été 2020). Ils proviennent des pépinières bio locales de Saint Laurent-en-Royans dans l'Isère (https://pepinsetcie.fr/) et de Détrier en Savoie (https://www.pepiniere-ladeviniere.fr/wp-content/uploads/2021/09/Catalogue_la_deviniere_V2_digital.pdf).


Les feuillus plantés à l'intérieur sont issus de semis de l'année et proviennent pour la majeure partie de Uchacq dans les landes (https://www.planfor.fr/pepinieres,plants-forestiers,80,1). Une petite partie provient de semis de notre micro-pépinière qui a débuté en 2020 lors du premier confinement. L'idée est de pouvoir fournir suffisamment de plants pour le coeur de deux micro-forêts par an ! Ca serait trop ambitieux sur tous les postes pour l'association de vouloir implanter trois ou quatre micro-forêts par an.


La fin de la plantation a été suivie et épaulée par l'équipe de Swann Périssé qui anime la chaîne youtube "Vert chez vous" dont la vidéo dans le lien qui suit est plus parlante que mes quelques photos : https://www.youtube.com/watch?v=hlxux3LHLxQ


Fin de plantation, début décembre 2021, entre les chutes de neige.


Les prochaines étapes se dérouleront tout au long de l'année 2022 avec des suivis de biodiversité. Nous avons d'ailleurs déjà pu constater que lors de la plantation, le fait d'avoir déposé quelques mois plus tôt, une épaisse couche de substrat biodégradable, il y avait déjà plein de vers, de collemboles et des champignons dans les copeaux de bois et la terre ! Nous allons donc poursuivre l'enrichissement du substrat de surface et placer des capteurs pour mesurer notamment l'humidité du sol.


Journée du 12 mai 2022 :


Voilà que le printemps a reverdi cet espace de nature, et nous pouvons constater tout de suite que la plantation a été un réel succès car seulement 3 pieds de vigne et 3 figuiers ne bourgeonnent pas (sur presque 600 arbres plantés !).


Pommier en fleur (avril 2022).


Nous avons fait un premier recensement de biodiversité autour de la parcelle plantée. Malgré le peu d'étudiants présents pour l'occasion, nous avons tout de même pu échanger sur le sujet et les mettre à contribution pour nous aider dans ce petit comptage.


La présence de nombreuses coccinelles (ici une coccinelle à sept point) est la bienvenue sur les arbres fruitiers qui ont attiré les pucerons.


Une petite abeille sauvage (dont le genre n'a pas été déterminé), un hyménoptère parmi les quelques espèces qui ont pu être observées.


Quelques photos en vrac pour donner une idée de l'évolution de visu :

Ci-dessus, fin de plantation mi-décembre 2021 (ça s'apparente à des brindilles pour les feuillus du centre !).

Ci-dessus, premier été passé sans souci pour les plantations malgré la canicule, début août 2022 (aucun arrosage ; à fond sur le paillage ! 30 à 40 cm d'épaisseurs, il fallait bien ça !).

Ci-dessus, un bilan plus que positif début octobre 2022 après une année record en température (Taux de reprise d'environ 97 %)


Ci-dessus, une pousse intensifiée avec en 2023, un printemps pluvieux et des arbres en pleine forme ! Grosse fructification des fruitiers en lisière et très faible pression des ravageurs quels qu'ils soient (peu de cloque du pêcher, pucerons sur pruniers, cerisiers ou autres peu présents, rouille, tavelure absentes).


Poirier, variété Président Héron greffée sur cognassier BA29 (premières poires, juin 2023)

Amandier, variété Lauranne greffée sur pêcher-amandier GF677 (premières amandes, juin 2023)

Pommier, variété Reinette de Savoie greffée sur pommier M106

Caseille (croisement cassis-groseille)

Néflier à gros fruits

Pêcher, variété Gaillard n°22 greffée sur pêcher Saint Julien

Nashi, variété Tsu Li greffée sur poirier franc



Juillet 2023, nous terminons une campagne de recensement de la biodiversité présente sur le site et autour de la parcelle. La densité végétale ne nous permet pas de pénétrer vraiment au coeur de la plantation.


Passage à animaux (hérissons, crapauds...)

Nous n'avons pas encore observé de mammifère sur la parcelle hormis des campagnols qui sont bien installés dans le substrat de la plantation.


Sympetrum sanguineum (mâle et femelle ci-dessous)


Erythromma lindennii


La présence de points d'eau à proximité amène plusieurs espèces d'odonates ( 8 espèces observées).

Le plus grand ordre d'insectes remarqué sur site est celui des hyménoptères (avec plus d'une quinzaine d'espèces observées, comptage et identification à finaliser) :


Ci-dessus, une abeille du genre Mégachille (abeille aux dents coupeuses de feuilles ; dont on a pu observer les découpes faites sur certains arbres fruitiers comme à droite sur poirier. Ces bouts de feuilles serviront pour confectionner son nid).






Ci-dessus, guêpe solitaire (hyménoptère de la famille des sphécidés, probablement Isodontia mexicana) ; la femelle capture des sauterelles pour nourrir les larves.

Ci-dessus, probablement une guêpe parasitoïde (Pélopée maçonne, chasseuse d'araignées).


Abeille mellifère

Guêpe du genre Poliste


Les inventaires et relevés seront édités en seconde moitié de l'année 2024 afin d'avoir un peu plus de données en terme de croissance d'arbre, recensement de la biodiversité ou encore mesure de l'hygrométrie et de la température en différents points...




Un aperçu de la croissance avec des prises de vue de juillet, octobre et décembre 2023.


Pour ceux qui voudraient un aperçu de ce qui se fait en France et dans le monde suivant la technique du botaniste japonais Myawaki, je vous invite à lire ce livre paru en début d'année 2023, le seul pour l'instant publié en français :




Les premiers bilans de suivi de la biodiversité, de température, hygrométrie... seront donner en seconde moitié de l'année 2024 puisque le suivi de ce projet se faisait sur 3 années (même s'il sera encore suivi durant les années à venir). Il est difficile de faire des interprétations avec seulement quelques points et au démarrage d'un tel projet.


Tout ceci avance, et va se développer de plus en plus dans les zones urbaines. On commence à en parler et cela suscite de nombreuses interrogations auxquelles nous l'espérons, un projet comme celui-là pourra peut-être apporter quelques réponses.



Cette plantation ne suit pas rigoureusement la méthode décrite par le botaniste japonais Myawaki pour diverses raisons.

Tout d'abord, la plantation d'une micro-forêt se fait avec les espèces d'arbres de la forêt primaire qui se sont développés sur ce lieu dans le passé. Ici, nous sommes sur un ancien marécage asséché qui ne retrouvera pas son état naturel initial. Nous nous sommes donc rapproché des espèces indigènes de la zone alpine (érable sycomore, chêne pubescent, frêne, merisier...) avec un mélange d'essences de reboisement de zones à tendance humide (saule, aulne...).

Enfin, le premier mètre planté en lisière sur toute la périphérie est arboré de différentes variétés fruitières. Il s'agit là d'apporter un "appoint nourricier" aux étudiants durant leur pause déjeuner et de leur faire découvrir et apprécier différents fruits. La majorité sont des variétés rustiques régionales (rainette de Savoie, Calville d'Oullins, pruneau de Passy, pêche sanguine de Savoie...) et une petite partie est composée de variétés "test" (nashis, plaqueminier, grenadier, amandier...) qui permettront de découvrir d'autres saveurs. Il s'agit d'un projet d'intérêt pédagogique avant tout et nous souhaitions éveiller de différentes manières la curiosité des étudiants et du personnel universitaire.


Bilan sur cette troisième année de suivi :


Ça y est nous venons de passer en 2025 et la micro-forêt peut-être considérée comme autonome même si elle l'est depuis le départ. En effet, une première conclusion pourrait être que, hormis un apport annuel de foin sur la périphérie les deux premiers étés et un de BRF le troisième (car la matière première de premier choix était sur site en quantité), aucun arrosage ni aucun autre apport n'a été effectué après la plantation. Les arbres ont été livrés à eux même.




Petits ou gros, le piège photo installé au cœur de la parcelle nous a permis d'observer de nombreux visiteurs à différents moments de la journée et de l'année. Huit espèces d'oiseaux ont été recensées sur la parcelle ainsi que quelques mammifères comme le renard, le blaireau et les campagnols bien installés.

Le plus gros de la détermination se porte sur les insectes et l'inventaire est encore en cours.


Chrysope verte, insecte dont la larve se nourrit de pucerons.

Neomochterus geniculatus ; diptère (mouche) carnivore chassant d'autres insectes en vol (la larve aussi est un allié carnivore).

Graphosome pyjama, hémyptère (punaise) piqueur suceur commun sur les carottes sauvages et autres apiacées apparentées.


Coccinelle à quatorze points (coléoptère), une des nombreuses espèces de coccinelles observées sur la parcelle.

Et non, ce n'est pas une coccinelle, mais bien un autre coléoptère. Il s'agit du Clytre des saules. Les adultes se nourissent de feuilles de saules donc pas étonnant de le voir ici. La micro-forêt contient des saules blancs et saules marsault. La larve vit dans les fourmillières où elle se nourrit des restes laissés par les fourmis et les larves.

Les syrphes sont des diptères (comme les mouches) pollinisateurs quand ils sont adultes et mangeurs de pucerons à l'état larvaire. Il y a de nombreuses espèces sur le site comme ici une Sphareophore notée.


Les suivis des données climatiques doivent aussi être extraits mais maintenant que la micro-forêt est en place et bien dense, il serait peut-être intéressant de mettre en fixe une station météorologique connectée afin d'avoir un historique plus représentatif. La question de l'intérêt en fonction du coût que cela implique et du moyen de le financer feront parties des questions évoquées lors de l'AG de 2025.


Hauteur approximative au centre de la parcelle (essences forestières type merisier, frêne, commun, aulne glutineux, érable sycomore, érable champêtre et tilleul à petites feuilles, soit environ 40% des essences de la plantation) entre janvier 2022 (plantation décembre 2021) et novembre 2024 (trois ans après).


Photo juillet 2024 (depuis le même repère et réalisée par le même opérateur durant les 3 années de suivi).

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