Christophe GIRONIS
Nos projets agroforestiers...
Dernière mise à jour : 4 janv. 2021
En septembre 2019, nous avions dans l’idée de développer des ateliers autour de la permaculture et de la forêt nourricière, ou plutôt sur la façon de bien se nourrir en essayant de s’intégrer au maximum dans la nature. Il pourrait paraître décalé ou rétrograde à certains de voir apparaître une démarche calquée sur celle du « chasseur-cueilleur » d’Amazonie ou du bush australien, mais nous restons persuadés qu’en redonnant au monde végétal sa place originale, et en vivant en symbiose avec les autres hôtes de ce « nouvel univers urbain ou rural », nous pouvons avoir notre place et tout à y gagner. Mais tout reste encore à faire même si des idées et des projets émergent « aux quatre coins » du globe. Ôter de l’esprit l’anthropocentrisme dans lequel nous grandissons est une démarche longue mais hélas le temps nous est compté.
Septembre 2019, nous défrichons une des terrasses des nombreux jardins jadis cultivés et en reboisement de nos jours. L’idée n’est pas de tout raser et de retourner la terre pour en faire des zones productives.

Une vue générale de quelques buttes en culture mi-mai
Ces terrasses abandonnées ont été recolonisées par des plantes pionnières telles que les ronces, les prunelliers, le merisier, le laurier, le frêne et l’acacia. Ce dernier est un bon fixateur d’azote, permet à la fois d’avoir un humus endo et ectomicorhyzien, mais se développe très vite et défonce complètement les murs en pierres sèches des terrasses. Un travail de gestion forestière et de restauration a débuté avec quelques bénévoles ayant envie d’intégrer ce patrimoine.

Le début du printemps sous nos latitudes est le moment idéal pour se mettre au jardinage.
« Pendant que les cons finis spéculent en bourse, les confinés jardinent. »
Nous sommes partis avec les objectifs suivants.
1. Tout d’abord, produire une activité maraîchère sans aucun traitement. La biodiversité globale en place ainsi que la diversification des semences font que nous laissons la nature faire et réguler les attaques de « ravageurs ». Nous avons des problèmes avec des limaces mais en laissant une place aux autres espèces végétales (les dites « mauvaises herbes ») nous misons sur le fait que la limace opportuniste va consommer ces plantes autant que les haricots et les salades…

Arum au premier plan et pied de tomate en fond, sur pailli.
2. Nous sommes installés sur une zone sans point d’eau à proximité (pas de source, pas de ruisseau, pas de réseau municipal). Nous plantons des variétés résistantes à la sècheresse car la pénurie d’eau est un problème majeur que nous n’intégrons pas avec suffisamment d’importance dans nos systèmes agricoles occidentaux en nous plaçant près des cours d’eau pour pouvoir irriguer facilement les cultures. Aujourd’hui, plutôt que de planter du maïs issu de semences « normalisées » très gourmandes en eau, on s’aperçoit qu’en parallèle des semences issues de variétés anciennes mieux adaptées résistent au manque d’eau pendant que les autres meurent…
3. Nous semons d’autres variétés que nous essayons d’acclimater à ce type de milieu dans sa globalité. Le but ici est de produire nos propres graines afin d’avoir une palette diversifiée de fruits et légumes, au fil du temps nous l’espérons, acclimatées à ce terroir.

Alternance de choux rouges et d'artichauts au milieu de la butte et radis devant.
4. Nous bouturons les fruitiers locaux qui s’y prêtent (figuier, vigne, kiwi, groseillier…). Nous greffons sur fruitiers sauvages (merisier, prunellier, prunier mirobolan…) afin d’avoir des variétés plus résistantes.
5. Nous tentons d’adapter au mieux nos supports de cultures au contexte. Nous avons testé plusieurs techniques en permaculture afin d'associer au mieux cultures et milieu.
6. Fin avril, nous avons débuté la création d’un « jardin-forêt » en ouvrant un sentier montant dans une zone constituée d’arbres abattus par une lourde chute de neige du début de l’hiver dernier et de ronces et autres plantes grimpantes (lierre, houblon, tamier…). Ces éclaircies ont permis d’y intégrer des plantes maraîchères (cucurbitacés, tomates…). Le but est d’essayer d’en retirer une production sans aucun entrant (pas d’eau non plus hormis les jours après la plantation). Nous allons y suivre la « compétition » végétale qui va s’y produire et juste réguler au minimum la prolifération des plantes grimpantes aux abords.


Groseilliers sauvages sous un figuier ; courge "butternut"entre les lauriers au bord du sentier cheminant dans la partie boisée.
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Novembre-décembre 2020 : L'été passé, nous voilà maintenant activés à préparer le sol pour de nouvelles cultures.
Nous profitons des choux encore en place et laissons les plantes locales se développer.
Une seconde petite parcelle sur le haut du village nous est aimablement prêtée par une famille qui n'avait plus le temps de s'en occuper. Elle est beaucoup plus ensoleillée, possède une réserve d'eau formidable car peuplée de têtards de crapauds calamites qui viennent s'y reproduire au printemps.
Nous décidons d'y faire une parcelle centrale plantée d'arbres fruitiers desquels plus tard nous pourront nous servir pour de futurs greffages. Il s'agit d'une parcelle test arborée de grenadier, abricotier, amandier, argousier, plaque minier, fetjoa, citronnier et mandarinier rustiques...
